UNE PRÉHISTOIRE PITTORESQUE AU XIXe SIÈCLE
Le milieu du XIXe siècle est la période où la préhistoire s’organise en tant que discipline scientifique dans les principaux pays d’Europe occidentale. Elle se dote alors d’un programme précis : identifier le moment de l’apparition de l’homme sur la terre et retracer les différentes étapes conduisant de la barbarie originelle à la civilisation. A travers ces deux grandes interrogations, les premiers préhistoriens ont construit des images fortes de nos ancêtres préhistoriques, images largement diffusées par une vulgarisation scientifique alors en plein essor.
C’est à ces représentations, volontiers pittoresques, que nous allons nous intéresser, en nous posant un certain nombre de questions : comment sont-elles nées ? D’où viennent-elles ? Pourquoi persistent-elles dans le temps ? Pourquoi nous parlent-elles encore aujourd’hui si directement ?
Pour y répondre, nous tenterons de retrouver les yeux et l’esprit des hommes du XIXe siècle afin de comprendre en profondeur le sens de ces images et de leur redonner toute leur épaisseur. Celles-ci n’apparaîtront alors plus seulement comme pittoresques au sens trivial d’amusant ou d’original, mais au sens premier du terme, c’est-à-dire représentant une connaissance digne d’être peinte, digne d’être représentée.
Illustrations jointes :
1 – « Le premier outil », gravure pour l’ouvrage d’Henri Du Cleuziou, La Création de l’homme et les premiers âges de l’humanité, 1887.
2 – « Un repas à l’époque du renne », gravure d’Émile Bayard pour l’ouvrage de Louis Figuier, L’homme primitif, 1870.
Notice biographique
Docteur en Préhistoire, Noël COYE est conservateur du Patrimoine au sein de la sous-direction de l’Archéologie au ministère de la Culture et de la Communication (Paris). Il y est plus particulièrement en charge des questions relatives aux grottes ornées et à la Préhistoire (animation de la sixième section de la Commission nationale des Monuments historiques « Classement des grottes ornées et travaux dans les grottes ornées classées » et du Conseil scientifique de la grotte de Lascaux présidé par le professeur Yves Coppens).
Noël Coye est par ailleurs rattaché au laboratoire Travaux et recherches archéologiques sur les cultures, les espaces et les sociétés (Traces ; UMR 5608 : université de Toulouse II, ministère de la Culture, Inrap, CNRS et EHESS) où il codirige le thème de recherche « Histoire et épistémologie de l’archéologie » qui étudie les idées, pratiques et institutions de la discipline archéologique.
Il est l’auteur d’une quarantaine d’articles et de plusieurs ouvrages sous son nom (La préhistoire en parole et en acte, Paris : L’Harmattan, 1997) ou sous sa direction (Sur les chemins de la préhistoire, Paris : Somogy Éditions d’art, 2006 ; Dans l’épaisseur du temps, archéologues et géologues inventent la préhistoire, Paris : Muséum national d’histoire naturelle, 2011).
