La salle de terraqué était comble ce jeudi 27 juillet pour écouter Serge Cassen.
La conférence de ce soir, 3e volet d'une réflexion qui avait porté, lors des deux précédentes interventions, sur un certain nombre de notions: état, passage entre les états, ligne, obstacle, transit, verticalité, seuil, limite, répétition; ainsi que sur des affects: la gravité, la pierre dure, la peur. Il en était ressorti que la stèle est un objet de médiation. Étudié dans le contexte carnacéen précédemment, le modèle a été confronté cette fois à d'autres ensembles d'objets semblables, parfois différents, de l'extrême oriental de l'Eurasie, sur les bords du fleuve Amour, à l'ouest atlantique en passant par le nord de l'Italie, le Valais suisse, la Bourgogne, le Gâtinais, le Val de Loire, la Brière, pour terminer sur les bords de la Vilaine en Bretagne.
Le site "Préhistoire méditerranéenne" a publié un article essentiel de Serge Cassen lié au thème de sa dernière conférence
En voici les premières lignes :
Pierres dressées isolées, ou alignées en vastes systèmes de files juxtaposées ou parallèles, files parfois disposées perpendiculairement entre elles, sont autant de configurations présentant une équation mal résolue et souvent une énigme historique dans l’Europe des Ve, IVe et IIIe millénaires, notamment en Bretagne. Dans cette région atlantique, le site de Carnac est doublement emblématique, à la fois d’une certaine morphologie architecturale, extraordinaire par son extension, et d’un certain échec de l’archéologie à pouvoir renouveler un discours et une interprétation sur le sujet (Boujot et al. 1995, Bailloud et al. 1995). Faute de pouvoir intervenir par la fouille, moyen habituel de l’enquête, sur un gisement dont les limites sont indécises et la superficie estimée gigantesque (100 km2), une réflexion « théorique » a donc été menée pour tenter de proposer un cadre conceptuel mieux à même d’y ordonner et d’y intégrer le plus grand nombre de données disponibles. Un des objectifs se devait alors de tester la valeur prédictive du modèle, notamment dans un cadre chronologique et/ou géographique éloigné, que le milieu soit celui informé par l’archéologie ou par l’ethnologie.
1 Cet article prolonge un essai présenté en mars 2010 à l’Institut d’archéologie et d’ethnologie (Mos (...)
8Si l’objet « pierre dressée » est un fait largement connu de par le monde, l’organisation rectiligne de monolithes bruts est une structure architecturale moins répandue. Au centre de l’Eurasie, la Mongolie occidentale et la région sayano-altaïque conservent de nombreux et remarquables témoignages de sites cultuels et funéraires comprenant des stèles alignées. Comment la recherche archéologique en ces territoires a pu interpréter le phénomène en question nous a semblé une démarche nécessaire à entreprendre pour informer et constituer un dossier renouvelé à propos de Carnac. Dans le même temps, et sur un territoire sibérien qui recouvre en partie l’aire géographique précédente, le « piquet d’attache » en bois des populations nomades actuelles ou sub-actuelles nous a paru un autre moyen d’entrer dans la discussion à propos de l’objet verticalisé, d’autant mieux qu’il nous semblait intuitivement relié à l’habitation domestique comme la pierre dressée pouvait l’être avec le tumulus funéraire. Cet article est donc l’essai d’un archéologue s’efforçant d’introduire auprès de ses collègues, mais encore auprès des ethnologues, un sujet par essence difficile, en provoquant sans doute leur réaction devant la naïveté avec laquelle le document ethnographique serait maladroitement mis à contribution, en sollicitant également leur critique quant à la façon un peu provocante avec laquelle les données archéologiques pourront être interprétées
Vous trouverez la suite de cette publication à l'adresse https://pm.revues.org/1184
Voir aussi la page de notre site concernant les travaux de Pierre Petrequin sur les grandes haches alpines du néolothique européen :
http://amisdumusee-carnac.blogspot.fr/2016/06/les-grandes-haches-en-jade-du.html
Ainsi que le rappel de la conférence de Pierre Corboud sur le mégalithisme du Valais Suisse
http://amisdumusee-carnac.blogspot.fr/2014/08/le-megalithisme-de-larc-alpin.html
sans oublier la conférence de S.Cassen sur les "signes et nuages" de Gavrinis
http://amisdumusee-carnac.blogspot.fr/2016/06/gavrinis-signes-et-nuages.html
En voici les premières lignes :
Pierres dressées isolées, ou alignées en vastes systèmes de files juxtaposées ou parallèles, files parfois disposées perpendiculairement entre elles, sont autant de configurations présentant une équation mal résolue et souvent une énigme historique dans l’Europe des Ve, IVe et IIIe millénaires, notamment en Bretagne. Dans cette région atlantique, le site de Carnac est doublement emblématique, à la fois d’une certaine morphologie architecturale, extraordinaire par son extension, et d’un certain échec de l’archéologie à pouvoir renouveler un discours et une interprétation sur le sujet (Boujot et al. 1995, Bailloud et al. 1995). Faute de pouvoir intervenir par la fouille, moyen habituel de l’enquête, sur un gisement dont les limites sont indécises et la superficie estimée gigantesque (100 km2), une réflexion « théorique » a donc été menée pour tenter de proposer un cadre conceptuel mieux à même d’y ordonner et d’y intégrer le plus grand nombre de données disponibles. Un des objectifs se devait alors de tester la valeur prédictive du modèle, notamment dans un cadre chronologique et/ou géographique éloigné, que le milieu soit celui informé par l’archéologie ou par l’ethnologie.
1 Cet article prolonge un essai présenté en mars 2010 à l’Institut d’archéologie et d’ethnologie (Mos (...)
8Si l’objet « pierre dressée » est un fait largement connu de par le monde, l’organisation rectiligne de monolithes bruts est une structure architecturale moins répandue. Au centre de l’Eurasie, la Mongolie occidentale et la région sayano-altaïque conservent de nombreux et remarquables témoignages de sites cultuels et funéraires comprenant des stèles alignées. Comment la recherche archéologique en ces territoires a pu interpréter le phénomène en question nous a semblé une démarche nécessaire à entreprendre pour informer et constituer un dossier renouvelé à propos de Carnac. Dans le même temps, et sur un territoire sibérien qui recouvre en partie l’aire géographique précédente, le « piquet d’attache » en bois des populations nomades actuelles ou sub-actuelles nous a paru un autre moyen d’entrer dans la discussion à propos de l’objet verticalisé, d’autant mieux qu’il nous semblait intuitivement relié à l’habitation domestique comme la pierre dressée pouvait l’être avec le tumulus funéraire. Cet article est donc l’essai d’un archéologue s’efforçant d’introduire auprès de ses collègues, mais encore auprès des ethnologues, un sujet par essence difficile, en provoquant sans doute leur réaction devant la naïveté avec laquelle le document ethnographique serait maladroitement mis à contribution, en sollicitant également leur critique quant à la façon un peu provocante avec laquelle les données archéologiques pourront être interprétées
Vous trouverez la suite de cette publication à l'adresse https://pm.revues.org/1184
Voir aussi la page de notre site concernant les travaux de Pierre Petrequin sur les grandes haches alpines du néolothique européen :
http://amisdumusee-carnac.blogspot.fr/2016/06/les-grandes-haches-en-jade-du.html
Ainsi que le rappel de la conférence de Pierre Corboud sur le mégalithisme du Valais Suisse
http://amisdumusee-carnac.blogspot.fr/2014/08/le-megalithisme-de-larc-alpin.html
sans oublier la conférence de S.Cassen sur les "signes et nuages" de Gavrinis
http://amisdumusee-carnac.blogspot.fr/2016/06/gavrinis-signes-et-nuages.html