LE NOUVEAU MUSEE
D'ARCHEOLOGIE DU MANS

GENESE ET ETAPES DU PROJET
par Marianne THAURE, conservateur

POURQUOI UN NOUVEAU MUSEE AU MANS ?
L'ancien musée est créé en 1846 par la Société Française d'Archéologie. Eugène Hucher, savant numismate, en assure la responsabilité jusqu'en 1889. Grâce à lui, le noyau des collections actuelles est constitué. Le Département finance aussi régulièrement de nouveaux achats
Les collections sont abritées d'abord dans les sous-sols du théâtre pendant soixante ans puis en . 1903 dans la Collégiale Saint-Pierre-La-Cour, lieu prestigieux, dénommé " le petit Cluny", mais aussi insalubre que le précédent...
Les années passant, l'intérêt des édiles pour le musée s'émousse et la Seconde Guerre mondiale entraîne sa fermeture.
En 1972, le public n'a plus accès aux collections. ` -
C'est à cette époque cependant qu'un regain d'intérêt des Manceaux pour le patrimoine de leur ville renaît grâce à des travaux d'urbanisme de grande ampleur qui révèlent des vestiges gallo-romains. Des bénévoles puis des professionnels entreprennent des fouilles Un dépôt est créé sous le contrôle de l'État.
L'exposition « Le Mans retrouvé », en 1990, remporte un grand succès Les élus décident alors de recréer un musée. Le site retenu en 1998 est une ancienne imprimerie, en triste état, mais situé au cœur de la ville, près de la mairie. En 2006, les travaux commencent et en 2008 le gros oeuvre est terminé. Pendant onze ans, l'équipe du maître d'œuvre Bernard Althabégoïty transforme la vieille imprimerie.
Le nouveau musée ouvre ses portes au public le 18 juin 2009.

REFLEXION SUR LA MUSEOGRAPHIE
Les outils de médiation pour le public sont choisis d'après les objectifs suivants :
1 - Le contact direct avec l'œuvre pour susciter une émotion : l'objet est privilégié sur le discours
2 - Présenter l'histoire de la ville dans son territoire pour inciter les visiteurs à se déplacer sur les sites extérieurs
3 - Aucune envie de faire un énième musée d'archéologie, d'où l'accent mis sur les spécificités locales et l'articulation du circuit chronologique du visiteur autour d'une dizaine « d'objets phare », de maquettes de sites et de monuments, de kakémonos, d'une douzaine de vidéos.
Un mobilier modulaire sobre accueille les œuvres.
Des spécialistes sont consultés : le Cabinet de muséographie « Arcanscène », l'architecte responsable de la rénovation du musée basque à Barcelone, les archéologues de l'INRAP qui ont travaillé sur le terrain lors des travaux d'urbanisme. II est aussi fait appel à des artisans locaux pour la réalisation de fac-similés comme la reconstitution d'un cage, et la recherche d'un oiseau empaillé pour exposer une mangeoire.

Approche du métier d'archéologue sous ses diverses facettes avec
- des livres de l'archéologie
- .des bornes vidéo
- des expositions temporaires, des conférences.
,
PARCOURS DES COLLECTIONS PERMANENTES
Un voyage dans le temps et le territoire
Plus de mille deux cents objets qui illustrent les premières traces d'occupations humaines, il y a 400 000 ans, jusqu'à la fin du Moyen-Age.

Préhistoire (-400000 à -2000)
bifaces, réalisées en silex local gris bleu, de culture acheuléenne et moustérienne, trouvés sur les bords de la Vègre.
galet au glouton, de culture solutréenne ou magdalénienne, trouvé dans le canyon de Saulges ( vallée de l'Erve).
Son décor est rare : sur une face se trouve un profil gauche de carnassier et sur l'autre une gravure de glouton avec une grande queue poilue . Pour figurer le mouvement, l'artiste lui a donné trois paires de pattes.
anneaux en schiste du Néolithique découverts aux environs d'Alençon. 
 Le Néolithique est aussi évoqué par une maquette d'habitat reconstitué à partir de trous de poteaux relevés sur (a commune de Vivoin.

Protohistoire (- 2 000 ans à la conquête romaine) 

Objets phare :
  • Dépôt exceptionnel de 152 statères cénomans datant de 100 à 50 ans avant notre ère, en or allié, trouvé sur les bords de l'Huisne en 1997.
  • Chaudron gaulois en fac-similé. 
  • Chenets à tête de rapace.
Les fouilles préventives sur l'autoroute A28 ont été fructueuses pour la période de la Tène. Un dessin aquarelle illustre une mine de fer exploitée en souterrain à partir d'un puits . Une mise en scène de paléométallurgie avec reconstitution de sons évoque aussi cette période.

Période Gallo-romaine ( du 1er au 5ème siècle AP J-C) 

Objets phare : 
  • Tête d'homme moustachu de facture soignée qui devait faire partie d'une statue en pied. 
  • Le fac-similé d'un Dieu Sylvestre, trouvé sur le site d'une villa à Mont-Saint­Jean, vêtu d'un manteau à capuche tenant arc et serpette.( L'original est conservé au musée de Saint-Germain-en-Laye.)
  • Chapiteau corinthien du grand temple d'Allonnes en calcaire coquillier du 2eme siècle après J-C. 
  • Vénus de Rextugenos avec signature du potier d'une grande valeur archéologique et esthétique.
  • Céramiques régionales et importées, strigiles et patère.
  • Des maquettes, dessins aquarelles, inscriptions, kakémonos évoquent Le Mans et son territoire de la naissance de Vindunum, au début de notre ère, jusqu'à la construction de l'enceinte à la fin du 3ième siècle. C'est un monument de prestige construit avec soin. Ses parements externes sont polychromes et le décor est géométrique.
  • Les principaux sanctuaires de la civitas : le grand temple de la Forêterie à Allonnes dédié à Mars Mullo, le complexe de Cherré avec théâtre, temples, marché, thermes.
Le Haut Moyen Age ( 6ième - l0ième siècle) 

Objets -phare :
  • Corne ô boire, venant du Rhin, trouvée au 18'ème siècle dans l'hôpital du Mans. 
  • Tissu ( du 9ieme ou l0ième siècle) nommé à tort « suaire de Saint Bertrand" ( évêque du 6ième siècle). C'est un samit de soie réalisé à Byzance de couleur rouge, jaune, bleu kermès( provenant de la cochenille qui se développe sur le chêne kermès.)
Le Maine médiéval (11ème - 15ème siècle)
La période la plus prestigieuse de la région est présentée autour de trois thèmes :
Les chevaliers , La vie quotidienne en milieu urbain,  Le Maine religieux.

1 - Les chevaliers 
Objets phare :
  • L'émail Plontagenêt, chef d'oeuvre de l'art des émaux champlevés ( milieu du 11ieme siècle) provenant d'un atelier angevin ou manceau.
    GeoffroyV Le Bel, comte d'Anjou et du Maine, duc de Normandie, est représenté en pied vêtu d'un costume d'apparat. La plaque fut apposée au-dessus du tombeau de Geoffroy V dans la cathédrale du Mans. Un collectionneur la cacha pendant la Révolution ... Elle entra dans les collections du musée en 1816.
Les gisants : 5 gisants en costume de chevalier et un gisant représentant une dame en habit monacal.
La municipalité a tenu à ce que sur le mur de la pièce soit projetée une scénographie axée sur l'illustre famille des Plantagenêt.

2- La vie quotidienne en milieu urbain
L'accent est surtout mis sur l'émergence d'une société bourgeoise.
Objets -phare :
  • Pierre tombale de deux bourgeois dont un marchand drapier.   
  • Le trésor de Coéffort, orfèvrerie civile datant du 14ième siècle ayant appartenu à la confrérie qui régissait l'ancien Hôtel Dieu.
    L'ensemble, découvert en 1954 dans l'église, comprend 31 pièces de vaisselle d'argent au décor doré, émaillé ou gravé, très soigné.
  • Le trésor de Coéffort, orfèvrerie civile datant du 14ième siècle ayant appartenu à la confrérie qui régissait l'ancien Hôtel Dieu.
    L'ensemble, découvert en 1954 dans l'église, comprend 31 pièces de vaisselle d'argent au décor doré, émaillé ou gravé, très soigné.
    Le trésor de Coéffort, orfèvrerie civile datant du 14ième siècle ayant appartenu à la confrérie qui régissait l'ancien Hôtel Dieu.
    L'ensemble, découvert en 1954 dans l'église, comprend 31 pièces de vaisselle d'argent au décor doré, émaillé ou gravé, très soigné.


3 - Le Maine religieux 

Objets phare :
  • Un Christ en croix en bois polychrome daté de l'époque romane. Un exemple rare au nord de la Loire.
  • Statuaire de saints et de vierges, dont une vierge à l'enfant, (14 ou 15'ème siècles).
  • Des chapiteaux, modillons et culots provenant d'édifices religieux de la Sarthe illustrant l'évolution du roman vers le gothique.

LES ANNEXES DU MUSEE
- Les réserves recouvrent 300 m2 ;
- 200 m2 sont occupés par les armoires vitrées qui abritent les objets en céramique restaurés et des
« compacts » pour le rangement de caisses.
- Deux petites réserves avec hygrométrie contrôlée ( mais non mise en fonction).
- Une salle d'étude pour le public concerné.
- Un auditorium.

35 000 visiteurs ont fréquenté le musée depuis son ouverture.
C'est un bel outil mais avec peu de personnel

Annexes
- Musée d'Archéologie et d'Histoire du Mans, Carré Plantagenêt,
rue Claude Blondeau 72 000 Le Mans tél. : 02 43 47 46 45 .
- Le Centre d'études et de ressources archéologiques du Maine ( CERAM) à Alonnes est complémentaire au musée d'archéologie.
C'est un outil de recherche et de valorisation du patrimoine sarthois ouvert au public depûis septembre 2009.
tél. : 02 43 80 68 31
Internet : www.association-capra.com -
Une anecdote pour terminer:
En 1877 et 1878, « un antiquaire » manceau entreprend des fouilles à Belz, Erdeven et Plouharnel. En 1889, il fait don du mobilier trouvé au musée du Mans... II y a quelques années, Serge Cassen repère les trois caisses en question et l'intérêt représenté par ce dépôt qui est alors étudié.

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