DECOUVERTE D'UN CAIRN
DU NEOLITHIOUE MOYEN

EN CENTRE BRETAGNE

Par Jean-Yves Tinevez du Service Régional d'Archéologie

La découverte d'un monument mégalithique inconnu est rare de nos jours.
Ce fut pourtant le cas en 2005 lors d'un diagnostic archéologique préalable à l'aménagement d'un centre commercial au sud de Saint-Nicolas-du-Pélem. Cette commune est située au sud
ouest des Côtes d'Armor, à mi-distance des côtes Nord et sud de la Bretagne.
Le territoire est constitué au nord d'un plateau granitique culminant à plus de 200 mètres. Le Blavet y a creusé son lit. Une dépression sédimentaire s'étend au sud. Les vestiges du cairn sont implantés sur ce sous-sol de schiste sur un petit promontoire orienté à l'est en position dominante. Ce choix d'implantation est caractéristique des lieux de construction des grands monuments funéraires du Néolithique moyen.
Un ensemble de tombelles en pleine terre et un tumulus de l'âge du Bronze, également mis à jour sur la surface de 7 hectares ayant fait l'objet du diagnostic, montrent une ré- appropriation des lieux à des fins funéraires ( ces éléments ne feront pas l'objet d'une étude complémentaire.)
Une fouille préventive menée en 2006 révéla la présence de deux carrières d'extraction de moellons de schiste situées à quelques mètres des vestiges du cairn qui seront étudiées. Elles sont profondes de deux mètres et quatre mètres et datées du Néolithique moyen par le radiocarbone.

La fouille programmée du cairn qui se déroule en 2007 et 2008 permet d'étudier ses soubassements et son sol préservés depuis sa construction.
Après le retrait de la terre labourée et le démontage des restes d'éboulis, le plan de la base du monument se révèle malgré un degré de destruction avancé.
De la poterie datant de la fin du Moyen Âge indique l'époque de destruction systématique du monument utilisé alors comme carrière. La destruction sera aggravée ensuite par les travaux agricoles.
Le monument
- Le cairn est orienté Nord-Sud. Il a un plan quadrangulaire de 8 mètres de large pour une longueur estimée à une vingtaine de mètres (en raison de la destruction de ses extrémités).
- L'assise du monument a été préparée avant sa construction:en témoignent l'absence de sol végétal et l'écrêtement partie) du substrat schisteux.
- Les façades du cairn sont presque rectilignes.
- Les quatre chambres funéraires disposées côte à côte ont une forme circulaire de 3 mètres de diamètre s'ouvrent en façade Est par un couloir court (de 1,50 mètre à 2 mètres) et étroit (de 0,75 mètre à 1,10 mètre).
- L'espacement entre les chambres ne dépasse pas un mètre pour assurer probablement la stabilité des voûtes en encorbellement.Ceci démontre la maîtrise des constructeurs.

Les chambres présentent de petits cloisonnements matérialisés par des dallettes de granite, provenant de quelques kilomètres du site, posées verticalement dans des fosses de calage,et de moellons de schiste extraits sur place. Ces moellons sont disposés à plat et parfaitement' adaptés aux dallettes verticales. Ce dispositif assure l'armature des parois et a permis la conservation des bases du monument. Le rythme des couleurs de roche entre le beige clair du granite à grain fin et le bleu sombre du schiste révèle l'aspect esthétique du monument malgré son état de dégradation.
Le mobilier archéologique trouvé dans les éboulis est très pauvre. II est caractéristique du Néolithique moyen régional :
- un lot de 8 micro-perles percées en roche gris-vert d'un diamètre de 3 3 à5 mm
- une perle percée de 16 mm de diamètre,
- un ciseau en fibrolite d'origine plutôt finistérienne,
- quelques tessons fins et un vase à paroi lisse,profil en S,trouvés en amont du cairn.
L'analyse de ces objets est en cours.
Un échantillon de matière carbonisée a fourni une datation radiocarbone du dernier quart du 5ième millénaire.
La forte acidité du sous-sol de schiste n'a pas permis la conservation d'ossements.
Ce monument localisé en Centre Bretagne s'incarne dans la mouvance des cairns
connus jusqu’à ce jour essentiellement en zone littorale. Celui de la ville Pichard à Pléneuf
Val-André est l’exemple le plus proche typologiquement et géographiquement.
Cette découverte spectaculaire à plus d’un titre permet de présager une implantation plus homogène de ce type de cairn sur l’ensemble de la péninsule.

Nota : La cairn de Croaz Dom Harry n’a malheureusement aucun avenir dans un milieu en voie d’urbanisation.

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